Bilić veut retrouver l'esprit de 96Slaven Bilić, sélectionneur de la Croatie
Il y a de la fierté dans la voix de Slaven Bilić lorsqu'il évoque
l'EURO '96™. Il s'agissait du premier tournoi disputé par la sélection
croate depuis un demi-siècle et la fin de la guerre des Balkans. Malgré
une demi-finale en Coupe du Monde de la FIFA, cette phase finale en
Angleterre reste le moment le plus fort de sa carrière, longue de 14
saisons.
Le but de Šuker"Joueur, j'étais déjà heureux de participer une fois [au tournoi]",
avoue-t-il sur uefa.com. "J'ai joué en Angleterre, le pays du football.
Le moment le plus triste de ma carrière, c'est notre défaite contre
l'Allemagne en quart de finale. On était meilleurs qu'eux, à mon avis.
Mais mon meilleur souvenir reste l'égalisation de [Davor] Šuker à Old
Trafford. A ce moment précis, c'était comme si [le] Manchester United
[FC] était sur la pelouse. Il y avait plus de supporteurs allemands que
croates mais, quand Šuker a marqué, tout le stade…", il s'arrête, se
remémore cet instant. "C'est le meilleur souvenir de ma carrière."
Matthias Sammer a offert la victoire aux Allemands huit minutes plus
tard mais la Croatie venait de poser les jalons pour les générations
futures.
"Joueurs de classe internationale"Désormais sélectionneur national, Bilić trouve des points communs entre
cette équipe et la sienne. "On a nous aussi du caractère, un état
d'esprit similaire et un peu les mêmes qualités. On peut estimer que
l'équipe d'alors possédait plus de joueurs de classe internationale car
il y avait [Aljoša] Asanović, [Zvonomir] Boban, [Robert] Prosinečki au
milieu, et [Alen] Bokšić et Šuker devant. Mais on n'avait pratiquement
pas joué ensemble à cause de la guerre qui secouait la Croatie. A
l'EURO '96 et à la Coupe du Monde 1998, on avait déjà presque tous 27
ou 28 ans. Mon équipe est plus jeune et moins médiatique, mais j'ai bon
espoir qu'elle compte bientôt autant de futurs joueurs de classe
mondiale. Les temps ont changé mais l'équipe reste bonne."
L'Angleterre battue à WembleyLa Croatie l'a démontré en se qualifiant dans le Groupe E au nez et à
la barbe de l'Angleterre en s'imposant notamment à Wembley, ce qui, aux
yeux de Bilić, est un pas important dans la progression de ses jeunes
troupes. Nommé après la Coupe du Monde de la FIFA 2006, il a auparavant
réussi des miracles à la têtes des moins de 21 nationaux, dont de
nombreux éléments vont s'envoler vers la Suisse et l'Autriche cet été.
"J'en ai aligné trois, [Luka] Modrić, [Vedran] Ćorluka et Eduardo [da
Silva], dès notre premier match contre l'Italie, à Livourne, et on m'a
alors traité de tous les noms. Mais je les connaissais, je les voyais
progresser, tant sur un plan footballistique que personnel. Je savais
qu'ils étaient prêts pour le très haut niveau. Ca m'a beaucoup apporté
[d'être sélectionneur des moins de 21 ans], ça m'a permis d'apprendre à
les connaître."
ConfianceLa sélection croate est unie. Quatre de ses adjoints (Prosinečki,
Nikola Jurčević, Marijan Mrmić et Asanović) ont côtoyé Bilić à l'EURO
'96™. Tous sont amis et ont transmis la flamme qui s'est allumée lors
de ce tournoi. "On est une nation forte, avec beaucoup de
personnalité", rappelle Bilić. La victoire apporte la confiance et
l'équipe de Bilić progresse à chaque sortie. Le succès décroché à
Wembley montre bien qu'il ne faut pas prendre la Croatie à la légère.
"On n'aura jamais la renommée de l'Angleterre, de la France, de
l'Italie, de l'Espagne ou de l'Allemagne, et j'aimerais que ce manque
de reconnaissance persiste car certaines équipes pourraient ainsi
considérer la Croatie comme un adversaire moins fort. Mais nos rivaux
savent qu'on est bons et nous respectent de plus en plus."
L'espoir grecDans le Groupe B, nul doute que l'Autriche, l'Allemagne et la Pologne
seront méfiantes. Si la terrible blessure d'Eduardo a contrarié la
préparation croate, pas question de se laisser abattre. "Je peux vous
garantir qu'on va tout donner et qu'on va bien jouer. Je ne peux hélas
rien promettre au niveau des résultats mais on devrait être en mesure
de rivaliser avec n'importe qui. En 2004, la Grèce a redonné espoir aux
petits pays comme le nôtre."
GuitarePour atteindre ce but, calme et concentration sont les maîtres mots.
Pour Bilić, cela passe par la guitare. "Certains jouent au golf,
d'autres aux échecs. Moi, je joue de la guitare, c'est vital pour mon
travail. Cela me détend ou ça me revigore, mais j'ai besoin de musique
pour avancer." L'hymne croate, avant le match contre l'Autriche à
Vienne, le 8 juin, sera la première note d'une symphonie qui reste à
écrire.