Eric Gerets nous a reçus à l'OM, club qu'il a remis sur les bons rails, au point d'être adulé par toute une ville... Envoyé spécial en France Benoît Delhauteur
MARSEILLE
Il est devenu l'idole de toute une ville. Eric Gerets, débarqué à
Marseille fin septembre alors que le club était en pleine crise, a fait
des miracles. En Ligue 1, le club est remonté de la 19e à la 5e place
et vient d'infliger un sévère 3-0 en Coupe de l'Uefa au Spartak Moscou.
Le Lion de Rekem nous a reçus dans son bureau, à la
Commanderie, le somptueux et très privé centre d'entraînement de l'OM.
L'entraîneur olympien s'est livré sur sa superbe aventure dans la cité
phocéenne mais aussi sur son avenir, le Standard et les Diables Rouges.
Le nouveau sorcier belge de Marseille n'a pas sa langue en poche... Eric Gerets, quel est le bilan de vos quatre premiers mois à Marseille ? "Je
suis heureux. En arrivant, j'ai trouvé ce que je croyais trouver : une
équipe qui ne tournait pas. On a alors commencé à travailler. Après des
débuts difficiles, le temps d'apprendre à nous connaître, nous avons
entamé une belle progression. En plus, le spectacle est au rendez-vous
et nous marquons beaucoup de buts. Pour le moment, tout va bien !" La pression quotidienne est énorme ici. Dans ce domaine, l'OM est-il comparable à ce que vous avez vécu à Galatasaray ? "Pas
vraiment. En Turquie, tout est exagéré ! Les médias y racontent
n'importe quoi. Après deux ans là-bas, tu peux travailler dans
n'importe quel endroit au monde." Comment se passent vos journées ici ? "Généralement,
mon assistant et moi sommes les premiers arrivés à la Commanderie et
les derniers partis. Il y a toujours beaucoup de travail, vu notre
calendrier à l'anglaise. Le soir, comme je vis seul, je m'occupe, entre télévision, cinéma et promenade." Votre relation avec les supporters doit être plutôt bonne... "Je
sens qu'ils me respectent beaucoup. Des gens viennent même m'accoster
en rue pour me remercier ! Des supporters de l'OM m'ont dit récemment
qu'ils n'avaient plus vu un aussi beau football au Vélodrome depuis des
années. C'est à mon sens le plus beau compliment qu'un entraîneur
puisse recevoir. C'est en tout cas plus agréable que de te faire taper
dessus à cause de mauvais résultats !" Vous êtes
aussi parvenu à mettre la presse marseillaise dans votre poche.
Beaucoup de vos prédécesseurs aimeraient connaître votre secret ! "C'est
sans doute parce que je raconte des choses que les autres entraîneurs
ne disent pas. Je n'hésite pas à expliquer mes choix. Jamais je ne me
dérobe, je dis toujours ce que je pense." Les Français apprécient aussi votre humour. Vous en jouez ? "J'essaie en tous les cas de ne pas me prendre trop au sérieux. J'aime rire, au football comme en dehors." Vous
êtes sous contrat jusqu'en 2009. Vu la tournure des évènements, vous
verriez-vous rester plus longtemps dans le sud de la France ? "Je
vais d'abord achever cette saison et je verrai ensuite quelle sera la
politique du club pour la saison prochaine. En principe, je serai
encore là. Pour l'avenir plus lointain, c'est trop tôt pour en parler :
personne ne sait jamais de quoi demain sera fait." Vous aviez déclaré en signant à Marseille qu'il s'agissait peut-être de votre dernier contrat. C'est toujours votre avis ? "Non,
j'ai changé d'opinion, car ma situation privée a changé et je vis seul
désormais. À 53 ans, je ne veux pas me fixer une date précise de
retraite. Ce sera au feeling. Quand l'envie ne sera plus là, alors il sera temps de m'arrêter.