"Se
parlent-elles, ces stars de luxe ?"
Le coeur mauve de Bertrand Crasson a saigné : "Jamais,
Anderlecht n'est tombé si bas..."
"Ce n'est pas mon but de
critiquer", nous disait Bertrand Crasson quand nous lui avons demandé comment il
avait vécu la pénible élimination d'Anderlecht. Mais comme tout Mauve ,
l'analyste de Belgacom TV n'a pu s'empêcher d'exprimer son dégoût.
"On a
vraiment touché le fond, et ça fait quelques années que ça se prépare , indique
Crasson. La déchéance a débuté en 2001. Le 3 sur 36 en Ligue des Champions, le
repêchage en Uefa la saison passée, et maintenant, on ne parvient déjà plus à
passer le second tour préliminaire. Bordeaux était la seule étincelle en
plusieurs années de Coupe d'Europe. C'est triste. Le championnat doit encore
commencer et la saison est déjà cassée."
"Hassan faisait la différence.
Pourquoi l'avoir laissé aller ?"
A qui en vouloir ? Aux joueurs ?
"Expliquez-moi comment ça se fait que les stars coûtent de plus en plus,
qu'elles gagnent de plus en plus d'argent et prestent de moins en moins. Quel
gâchis ! Dans une société privée, on ne rigole pas avec un manque de rendement,
quand on a payé cher. Dans le foot, je trouve qu'on est fort patient."
Le meilleur exemple d'un transfert raté est celui de Rnic. "Si on a le
droit de le condamner sur un match, il faut dire qu'il était catastrophique."
Mais les anciens sont également passés à travers, comme Boussoufa. "Il avait du
mal à dribbler un homme. Il était bon quand Hassan n'était pas là. Mais Hassan,
lui, pouvait faire la différence dans chaque match. Alors, je me pose la
question de savoir pourquoi Anderlecht l'a laissé partir."
"Il y a trois
ailiers droit,mais aucun centre-avant..."
Crasson a constaté bien
d'autres lacunes. "Il y a un terrible manque d'intelligence dans l'équipe. Quand
on commet une erreur, on doit pouvoir la corriger par un bon positionnement.
Prenons la défense. Quatre buts encaissés contre une équipe comme BATE ? C'est
grave. Comment gagner un match de cette façon ? Individuellement, les défenseurs
sont bons. Mais collectivement, c'est la cata. On travaille les positions à
l'entraînement ? Il n'y a pas d'organisation, pas d'automatismes et surtout pas
de communication. Un Polonais, un Serbe, un Hongrois, trois Tchèques, trois
Argentins, un Marocain, un Brésilien. Je veux bien, mais se comprennent-ils ? Se
parlent-ils ? On ne le dirait pas. Ils courent à côté de leurs pompes."
La direction, elle aussi, est coupable. "Serhat, Mbo et Pieroni sont
partis. On savait que Frutos était fragile : on ne fait rien. Kanu est trop
léger pour porter le poids de l'attaque. On n'a personne devant, mais trois
ailiers droit. Quel en est le but ?"
Et tantôt, Anderlecht va vendre.
"Alors qu'il faudra six mois aux nouveaux pour s'adapter... Ce n'est pas
nouveau. Koller et Radzinski étaient partis, Tchite a aussi servi à remplir les
caisses. On préfère garder les sous au lieu de réinvestir. Les supporters de
Bruges et du Standard trouvent ça drôle et bien fait, mais Anderlecht perd son
image et ses supporters sont déçus. Dans l'avenir, le football belge va le
payer. Entre-temps, Anderlecht a intérêt à devenir champion."