Van Basten, un monde à part
Lorsque l'on lui demande d'évaluer les chances de son équipe à
remporter l'UEFA EURO 2008™, le sélectionneur des Pays-Bas, Marco van
Basten, s'en remet à un proverbe néerlandais : "De wind in de zeilen
hebben" (avoir le vent en notre faveur) sera, selon lui, un facteur
primordial si les Oranje souhaitent remporter un deuxième titre
européen. "Si nous avons le vent dans le dos, nous pourrons aller
loin", affirme Van Basten sur uefa.com. "Mais si nous l'avons de face,
tout sera plus compliqué car notre groupe est difficile. Notre premier
objectif est de sortir du groupe, ce qui n'est déjà pas une mince
affaire. Mais si nous réussissons alors, avec un peu de chance, nous
pourrons nous hisser jusqu'en finale."
Départ pour l'AjaxPeu de Néerlandais sont mieux placés pour parler d'un triomphe en Coupe
d'Europe que le légendaire attaquant, désormais âgé de 43 ans. Van
Basten, dont le passage de quatre ans à la tête de l'équipe nationale
prendra fin lorsqu'il rejoindra l'AFC Ajax cet été, a en effet joué un
rôle crucial lors du dernier et unique succès des Pays-Bas en 1988.
Aujourd'hui, il a l'occasion de devenir le premier homme à soulever le
trophée Henri Delaunay en tant que joueur et sélectionneur. "Je ne
savais pas", sourit-il, "mais maintenant, je serai encore plus motivé."
Plus beau butMême les vents de face les plus violents n'auraient pu arrêter Van
Basten et les Pays-Bas en Allemagne de l'Ouest il y a 20 ans.
L'ancienne vedette de l'AC Milan inscrivait un superbe triplé contre
l'Angleterre, trouvait de nouveau le chemin des filets en demi-finales
contre les organisateurs puis inscrivait sans doute le plus beau but
d'une finale de la compétition : une volée dans un angle impossible qui
trompait Rinat Dasaev, le gardien de l'URSS, pour assurer une victoire 2-0.
Frappe parfaiteAujourd'hui, Van Basten déclare qu'au moment de la frappe, il n'a "pas
pensé mais simplement agi". Toutefois, le triple Ballon d'Or n'a aucune
difficulté à affirmer que cette compétition est la meilleure de sa
carrière. "Lorsque vous repensez à une carrière, le Championnat
d'Europe et l'UEFA Champions League représentent les sommets après la
Coupe du Monde [de la FIFA] donc oui, il s'agit d'un des meilleurs
moments de ma carrière. On me demande souvent ce que je pensais au
moment où j'ai marqué ce but. Je me souviens que c'était la deuxième
période, une longue passe m'est parvenue et j'étais à un endroit où il
aurait été difficile de contrôler le cuir et de dribbler mon
adversaire. J'ai donc préféré tirer. J'ai frappé le ballon parfaitement
et j'étais surpris quand j'ai vu qu'il était rentré dans les buts."
Difficultés offensivesIl semble ironique de voir une équipe entraînée par un tel talent
offensif et composée de certains des attaquants les plus estimés dans
le football rencontrer des difficultés devant le but ces derniers
temps. Après avoir inscrit seulement quatre buts en quatre matches en
phase finale de la Coupe du Monde 2006, les hommes de Van Basten ont
trouvé le chemin des filets à 15 reprises en 12 éliminatoires de l'UEFA
EURO 2008™, soit onze de moins que la Roumanie, première du groupe qui
a réussi à n'encaisser aucun but face à une nation composée de Ruud van
Nistelrooy, Robin van Persie, Klaas Jan Huntelaar et Arjen Robben.
AppréhensionBon nombre de supporteurs néerlandais appréhendent dans une certaine
mesure la compétition en Autriche et en Suisse, surtout depuis le
tirage au sort qui a désigné la Roumanie, la France et l'Italie comme
adversaires des Pays-Bas dans le Groupe C. Van Basten, lui, est
convaincu que ses attaquants se montreront à la hauteur. "Nous n'avons
pas beaucoup marqué en éliminatoires mais ce n'est pas comme si nous
n'avions pas eu d'occasions. Marquer est une preuve de confiance.
Parfois, il est facile de marquer. Vous pouvez vous créer trois
occasions et marquer trois buts. Et au match suivant, vous vous créez
cinq occasions et vous ne marquez pas. Je pense que nous avons manqué
de chance."
Changement tactiqueVan Basten espère que le changement tactique qu'il a opéré récemment
permettra à ses troupes de marquer plus souvent. Après un entretien
avec les joueurs cadres, l'ancien attaquant de l'Ajax s'est détaché de
sa formation en 4-3-3, le symbole de l'équipe nationale depuis des
années, pour lui préférer un 4-2-3-1 en début d'année. Ce changement a
tout de suite entraîné une vague de buts, lors de la victoire 3-0 en
match amical contre la Croatie puis l'excellent succès 4-3 sur
l'Autriche, même si Van Basten préfère ne pas se rappeler comment les
co-organisateurs en sont venus à mener 3-0. "Les matches amicaux nous
permettent d'essayer de nouveaux joueurs et tactiques", dit-il.
Contre l'Italie pour commencerDès le 9 juin, le sélectionneur devra arrêter de bricoler pour
affronter les champions du monde italiens. "Lorsque j'ai vu le tirage
au sort, j'ai tout de suite pensé que j'aurais préféré tomber dans un
autre groupe", déclare Van Basten. "Nous devons affronter deux équipes
qui ont disputé la finale de la dernière Coupe du Monde donc ce sera
très difficile." Mais si les Néerlandais parvenaient à répéter
l'exploit de 1988, Van Basten en serait encore grandi. Il insiste,
toutefois, qu'il ne fera pas dans les sentiments. "Ce serait magnifique
de gagner la compétition mais pas parce que je pars. Quelles que soient
les circonstances, le principal est d'obtenir la victoire."